Voilà, nous sommes le Lundi 18 Mai 2020, le premier WE déconfiné sous le soleil est passé, nous sortons de deux mois d’un quotidien sans précédent, et nous rentrons dans une crise dont nous n’avons probablement encore pas pris toute la mesure.
Bon, le bilan est un peu lourd : on a fumé Netflix comme jamais, on a copiné avec ses voisins en se disant que finalement « ils sont plutôt sympas », et notre « chez nous » ressemble à un appartement/maison témoin tellement c’est clean !
Dans ce temps « différent », on a travaillé (pour le boulot, mais pas que. Sur nous aussi), on a imaginé notre vie dehors, et on a peut-être rêvé le monde de demain, surtout pour se rassurer.
Jacques Barraux, nous explique dans son ouvrage La peur de l’inconnu pourquoi le changement nous inquiète et « pourquoi ferme-t-on sa porte à un étranger ? Par égoïsme, par méchanceté ? Non, essentiellement par peur. Peur d’introduire un élément de désordre dans un quotidien que l’on a toujours du mal à stabiliser. Peur d’avoir à modifier son comportement dans une configuration nouvelle de proximité. Peur d’ajouter de l’incertitude dans un environnement déjà perçu comme chahuté. »
Se rassurer, chercher et identifier sans cesse de nouveaux repères, se raccrocher à des branches parfois fébriles, car aujourd’hui nous inquiète, demain aussi : ce « temps de confinement » nous fait (peut-être) prendre conscience que l’on a peur de retrouver sa vie d’avant. Cette inconnue à plusieurs équations nous questionne, mais peut aussi nous donner l’élan nécessaire pour nous réinventer et nous encrer (j’y crois, j’y viens).
Ce grand écart entre une vie tendue, sur le fil, pied au plancher, où tout se déroule à bord d’un TGV connecté et celui d’une vie sur le canapé, à 50 à l’heure sur une route de campagne, à bord d’une 2CV qui a le gout d’une madeleine de Proust.
Je suis une femme d’action, une fonceuse qui gagne plus de temps à faire qu’à perdre du temps à identifier toutes les raisons de ne pas faire. (C’est très personnel comme philosophie, je vous l’accorde parfois on se prend les pieds dans le tapis, mais l’expérience me fait dire que, globalement, ça marche ! Et puis on ne vit qu’une fois non ?!)
Pendant tout ce temps, je me suis alors demandé : Comment trouver le juste milieu ? le bon équilibre ? le tant pour tant ? la demi-mesure ?
Comme si le business était toujours l’antithèse de l’allégresse, que négocier venait toujours se confronter à l’amitié, et qu’être un prestataire faisait forcément de nous un adversaire à plumer.
Et puis je me suis questionnée sur ce qui m’anime vraiment. Vaste question.
Curieusement (ou pas) la réponse était assez claire pour moi (Rassurez-vous, si elle ne l’est pas, prenez un bon verre de vin, lancer du Jimmy Sax et ouvrer une page Word pour y coucher vos idées en vrac, puis reprenez un verre de vin, là ce sera clair !) :
1. J’aime mon métier, et je n’ai pas honte de le dire – c’est une passion (dans notre société, en tout cas celle d’hier, on n’aime pas les gens passionnés. On aime les gens lisses, avec des codes classiques, ceux qui nous rassurent.
2. J’aime les gens, et ils sont ce qui donne du sens à ma vie depuis bientôt 10 ans.
3. Je suis « moi » : la petite pile, la bout en train, avec de l’ambition (non ce n’est pas un gros mot), toujours partante, avec ses qualités et ses défauts, mais avec l’éternelle envie de bien faire avec de bonnes intentions.
4. La business-woman (ce qui n’est pas incompatible avec le point 3), qui aime la performance, la réussite, l’orientée résultat, qui aime l’efficacité, et porter haut les couleurs de son entreprise (et par extension, être la fière Ambassadrice de chacun de ses clients, et le porte-drapeau de tous les candidats rencontrés au fil des années).
J’ai alors dressé le constat que je suis un condensé de concepts qui -dans le monde d’avant en tout cas- ne semblaient pas compatibles entre eux. Dans l’imaginaire collectif, réussir dans le business est souvent, trivial, masculin, dans la douleur, avec le regard dur mais surtout pas avec un sourire ou un geste « tendre ». Et pourtant, cela fait des années que j’entends et rencontre des talents en recherche de sens, en demande de bienveillance (la vraie, pas celle « marketée » du baby-foot et des pistolets Nerfs dans l’open-space), en chute de confiance, en perte de conscience.
Après quelques semaines de réflexions, de nombreux et fructueux échanges, de longues heures à imaginer le monde d’après, je ressors avec l’intime conviction qu’il faut cultiver « ce conflit » autour du tandem – business et bienveillance – pour en faire un combat pacifique, générateur de bonheurs et de profits, de relations saines et porteuses de valeurs économiques, et comme dirait quelqu’un que j’admire beaucoup (et qui se reconnaîtra) cela se résumerait au plaisir rentable.
Et comme tous les moments de rupture ont du bon, Pierre Mauroy disait en 83 que « la crise n’est pas comme une maladie dont on ne peut sortir : elle est comme une sorte de nouvelle naissance ». A cela s’ajoute un peu de J.F Kennedy qui citait Dante en disant que « les pires places de l’enfer sont réservées à ceux qui, dans les périodes de crises, ont choisi de rester neutres ».
Alors je crois qu’en ce Dimanche 17 Mai 2020, 22H38 (à l’heure où j’écris cet article), il faut prendre parti, s’engager, être soi même sans avoir peur d’être trop ou pas assez, être créateur de bienveillance, être diffuseur de positif, et ne pas avoir peur d’être celui ou celle que l’on a envie d’être, vraiment. S’ouvrir, c’est générer autour de soi un tourbillon de capteurs qui nous connecterons à d’autres gens ouverts et partageant le même état d’esprit. Un véritable cercle vertueux en somme.
Alors bas les masques dans le business, montrons-nous tels que nous sommes, sans blouse qui nous donne l’air plus dur et sérieux, sans gants pour boucler des deals avec fermeté et froideur, arrêtons de nous travestir et de jouer un rôle dans lequel nous ne sommes pas à l’aise et qui nous pousse à un conflit intérieur qui nous empêche de déployer notre pleine mesure et d’enfin trouver – le sens – dont tout le monde parle et que tous recherche. Car le sens ne dépend pas du métier que l’on exerce ou de son secteur, mais bien de la valeur que l’on se donne à soi dans l’exercice de celui-ci.
Portons donc haut l’étendard de l’authenticité, montrons-nous à bras ouverts avec nos faiblesses, mais surtout nos grandes forces. Être gentils ne veut pas dire que nous ne saurons pas être fermes, être souriants ne veut pas dire que nous nous ferons nécessairement avoir, établir de la proximité ne signifie pas ne pas que nous ne mettrons pas de limite, être positif ne veut pas dire que nous serons naïfs.
C’est pour toutes ces raisons que mon deal à moi, mon engagement post confinement, sera de prendre encore mieux (et plus) soin de moi, pour prendre pleinement soin des autres.
Et cela renforce ma croyance en la capacité (et l’urgence) de l’Homme à s’adapter, se réinventer, se préserver pour permettre un Développement (économique) durable en répondant à nos besoins présents sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs.
Il est à présent l’heure de dormir, car ce soir j’ai rendez-vous avec demain !